Bonsoir à tous,
Cette discussion fait suite aux remarques que j'ai pu lire dans cette autre, abandonnée malgré moi :
https://forums.futura-sciences.com/p...ml#post7221008
(J'en profite pour remercier tous les intervenants : Antonium, La Limule, Gilgamesh, ThM55 )
N'ayant toujours pas trouvé de réponses chez Dieter Zeh (je n'ai certes pas tout lu), je préfère ouvrir un autre fil pour poser des questions sur le vide, plus larges, et peut-être moins sujettes à interprétation.
Gilgamesh mettait en lien une vidéo de Susskind où l'intrication du vide était posée comme un axiome, allant de soi (il soutient d'ailleurs la même chose dans cette seconde vidéo, à partir de 32mn30 :https://www.cornell.edu/video/leonar...3-entanglement).
Double question dès lors ; de quoi s'autorise-t-on pour affirmer cela (ou qu'est-ce qui prouve au fond, cet état de fait que serait l'intrication) ? Et intrication entre quoi et quoi, dès lors ?
A) Concernant la seconde, la vidéo aussi bien que certaines de vos réponses me semblent assez éclairantes. Il y aurait intrication entre des régions séparées d'un même champ, quand bien même cette séparation serait un intervalle de genre espace. Ces régions (Susskind parle de "cellules") constitueraient alors des sous-systèmes non-séparables. Par suite, tout ce qui est contenu une région quelconque, je veux dire toutes les variables de champ qu'elle contient, sont intriquées avec les variables contenues dans d'autres régions.
Mais peut-on alors inférer, de cette intrication (entre des cellules, et par suite entre les variables ou degrés de liberté de ces cellules), celle que suggère Susskind (ainsi qu'Antonium dans sa réponse, il me semble ?), à savoir, une intrication entre des fluctuations du vide, ou des particules virtuelles ?
La réponse me semble être oui, mais je voudrais être bien sûr.
D'autant que dans un article récent, Susskind écrit : " In the vacuum of a quantum field theory, the quantum fields in disjoint regions of space are entangled. One way to picture this is that virtual pairs of entangled particles are constantly appearing for short times". Tirer de l'intrication des régions l'intrication de leurs fluctuations (ici virtuelles) est une chose, mais considérer que l'une est une traduction possible ("picture") de l'autre, c'est faire encore un pas supplémentaire, il me semble.
Question subsidiaire: peut-il y avoir intrication entre les vides (les régions de vide) de champs distincts?
B) Quant à la première, mes interrogations sont peut-être tout à fait triviales, mais tant pis, je me lance. Sur quoi se fonde-t-on pour affirmer l'ubiquité de l'intrication du champ à l'état de vide (que ce soit une intrication entre régions, modes de champs, ou particules virtuelles) ? Car il n'y a pas d'expérience de type Aspect pour cela : comment puis-je mesurer l'état fondamental, qui ne produit par définition aucun quanta mesurable par voie directe ? J'entends que l'on peut faire appel aux fluctuations du vide (et donc les tenir pour "indirectement attestable) afin d'expliquer certaines expériences de QFT ; mais comment établir que celles-ci sont intriquées ? Qu'est-ce que cela signifie, au fond, que quelque chose d'inobservable est intriqué, en termes physiques ?
Est-ce là, au fond, une conséquence d'un théorème que j'ignore ? Ou d'une loi de conservation quelconque ?
Enfin...je vois souvent mentionné dans les discussions de ce genre le théorème Reeh-Schlieder -- qui ne constitue pas, si j'ai bien compris, une réponse à ma question précédente, étant plutôt une conséquence de l'universalité de l'intrication en QFT. Je voudrais savoir s'il en existe une formulation (ou le cas échéant, s'il existe un théorème équivalent) indépendante de la théorie algébrique des champs.
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