Mix de production électrique et utilisation du gaz

[ojal2]

Bonjour,

Ce site de RTE affiche en temps réel le mix de la production électrique française.
Je trouve étonnant que ce 28/04/2022 à 05:15 la France ai fait le choix d'exporter 5.000 MW d'électricité qui étaient produits par du gaz...

On nous demande de baisser nos consommations afin de refaire les stocks du pays et pendant ce temps la EDF se permet de consommer du gaz pour exporter de l'électricité! Un peu paradoxal ne trouvez-vous pas?
Les exportations sont une excellent chose pour notre pays, mais certainement pas quand la contrepartie est l'importation de la même quantité d'énergie en gaz.
Je trouve même cela étrange car j'ai en tête que le KWH de gaz est plus cher que le KWH d'électricité? Je vois mal de quelle façon le bilan financier peut être positif?

Qu'en pensez-vous?
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[Gwinver]

Bonjour.

La gestion de la production d'énergie est complexe au niveau d'un pays.
Pour l'electricité, il faut naturellement utiliser les ressources existantes, mais en même temps éviter de faire circuler l'électricité d'un bout à l'autre du pays.
A cela, il faut ajouter les contraintes politiques au niveau européen. C'est le cas du gaz en ce moment où les pays s'aident entre-eux à gérer la pénurie des approvisionnements. Il faut aussi inclure l'état des réserves.

Voici un site donnant l'état des productions/importations/exportations d'électricité : https://app.electricitymap.org/zone/FR
on voit que certains pays importent et exportent simultanément de l'électricité.

[ojal2]

Certes la production énergétique au niveau d'un pays est complexe, mais cela n'explique aucunement la décision d'export nécessitant l'utilisation de gaz dans une période où notre consommation nationale de gaz doit être drastiquement réduite?

[Gwinver]

Comme dit dans mon premier post, il faut aussi compter avec la solidarité européenne, basée sur des accords dont certains sont antérieurs à la crise en Ukraine.

[A voir en vidéo sur Futura]

[SK69202]

Attention, sur le site RTE on lit:

Quelle est la différence entre « échanges commerciaux » et « flux physiques » ?


Ce que l'on appelle ici « imports/exports » correspond à des accords commerciaux entre la France et les six pays avec lesquels elle est interconnectée. Ces chiffres sont distincts des flux physiques d'électricité qui transitent réellement sur les lignes d'interconnexion.

Par exemple, le flux d’électricité associé à un programme d’échange commercial entre la France et l’Allemagne se répartira sur différentes lignes frontières, en fonction des caractéristiques électrotechniques du réseau et de ses règles d’exploitation. Le flux d’électricité pourra ainsi transiter par des lignes frontières d’autres pays limitrophes.

Le flux physique sortant de 5000MW est le solde des différents échanges ça peut être du gaz français, du nucléaire, du solaire espagnol, de l'éolien britannique ayant traversé, ou du charbon polonais passant par la France pour aller en Italie.

[ojal2]

Quelques soient les flux entrants et sortants, vu le changement de contexte, la France ne doit plus utiliser de gaz pour produire de l'électricité.
Je comprends que ce soit disant marché européen de l'électricité est une fois de plus un mic mac rendant incompréhensible les choses.
Basiquement, si d'autres pays veulent nous vendre leur élec et que cette élec est à un bon prix, pourquoi ne pas l'acheter, mais dans le contexte actuel, nous ne pouvons plus nous permettre de revendre notre élec tant que les centrales à gaz doivent être sollicitées.
En poussant le raisonnement, pourquoi ne pas réactiver la filière du charbon lol

[Gwinver]

Bonjour.

Pour les centrales à charbon, c'est déjà prévu : https://www.france24.com/fr/éco-tech...à-plein-régime

Après, il faut faire la part des choses entre ce qu'il faudrait faire idéalement, les engagements contractuels en cours vis à vis d'autres pays européen et la solidarité européenne.
Accessoirement, il faut satisfaire la demande des clients français dont nous faisons partie. Quelle serait l'opinion publique si on annonçait un arrêt ou un rationnement de fourniture d'électricité.

[SK69202]

vu le changement de contexte, la France ne doit plus utiliser de gaz pour produire de l'électricité.

Raté, le gaz est le seul moyen d'assurer la sécurité de la fourniture électrique avec la part excessive et croissante des sources intermittentes, dans le cadre de l'UE. "On" vient de choisir de continuer à subir l'UE, donc s'attendre aux coupures et à l'électricité chère entre.
Pour ce qui est de la vente par les autres, en mars il a fait un petit peu frais dans "le contexte", le prix de l'électricité pour la France à l'heure du pic n'a été limité que par la limite supérieur du marché: 3000€/MWh

[ojal2]

La France continue à bruler du gaz même lors des périodes ou l'on exporte!
Je trouve cela incompréhensible et injustifiable... On ne peut pas puiser dans nos réserves de gaz au risque de manquer de gaz avant la fin de l'hiver...?

[Gwinver]

Bonsoir.

Certainement difficile à comprendre dans la mesure où:
il faut tenir ses engagements internationaux,
il faut éviter de produire de l'électricité loin des points de consommation
faire avec les évènements, par exemple, actuellement, les niveaux des barrages sont plutôt bas, les cours d'eau à faible débit limitent les possibilité des centrales nucléaires
etc. etc. etc.

Il faudrait avoir les spécialistes de la gestion pour pouvoir évaluer si c'est justifié ou non.

[SK69202]

Pas spécialiste, mais je suis le sujet depuis le black-out partiel du début du millénaire et pour les affaires de "climat".

Le nucléaire est en panne à 50%
Les barrages manquent d'eau.
Les énergies renouvelables aléatoires sont aléatoires.
Le charbon coûte un bras en taxe carbone.
Le gaz est donc parfait pour pallier aux manques et pas trop payer de taxe carbone. Il y a aussi un aspect technique électrique.

Le choix d'exporter est un travail pour le roi de Prusse, "il" vend du gaz à l'Allemagne (également matière première pour l'industrie) en espérant avoir du courant lors des vagues de froid de l'hiver qui vient.
Le truc qu'il ignore encore, c'est que les allemands se sont précipités sur les grilles pains élec pour pallier le manque de chauffe au gaz, bref en cas de vague de froid, la disponibilité allemande pour l'électricité à l'exportation est loin d'être garantie à des niveaux suffisants.

On va manquer de gaz, les réserves n'ont jamais permis de passer l'hiver, c'est les réserves plus les approvisionnements qui assuraient la continuité de service avec des barrages normaux, un parc disponible à 85% et des hivers doux et venteux.

Préparer vous à être résilient pour les coupures, intentionnelles ou pas.

[pachacamac]

Bonjour,

Ce qu'on peut remarquer aussi c'est qu'il y a une très forte méconnaissance de la part du public du fonctionnement détaillé, tant techniquement que financièrement du marché européen de l'électricité.

J' ai cherché à me documenter sur le sujet mais j'ai jamais rien trouvé qui explicite vraiment en détail ce fonctionnement.

Si vous avez des pistes je suis preneur..

Merci

[SK69202]

Techniquement si la fréquence tombe en dessous de 49.8Hz (pas assez de production) ou monte au dessus de 50.2Hz (trop de production), le fonctionnement doit être adapté, à 49Hz des mesures de défense par délestage sont prises, vers 47.5hz, les centrales se déconnectent et c'est le blackout. A 51.5Hz, la production éolienne et / ou solaire est déconnectée. En gros techniquement "on" a un quart d'heure dans le meilleur des cas pour éviter les gros ennuis.

Quand c'était des alternateurs de 1000 tonnes en rotation synchrone qui fournissaient les GW, c'était facile de suivre la demande ou de palier aux pannes, maintenant que l'éolien et le solaire fournissent des GW en quantité variable et ce aléatoirement, c'est moins facile.
Techniquement le plus facile pour suivre les aléas de la turbulence atmosphérique et de la couverture nuageuse avec les contraintes environnementales et taxes associées, c'est les turbines à gaz, brûlant du gaz et entrainant des alternateurs moins gros.

D'où, financièrement celui qui peut fournir les MW facilement quand la fréquence commence à descendre se permet d'imposer son prix. Comme c'est là que la production au gaz intervient souvent, c'est le coût du gaz (et la puissance appelée) qui fixe le coût des MW les plus importants, car il empêche le réseau de s'effondrer en cascade.

Mais ça c'est parce que l'on impose d'acheter la production éolienne et solaire en priorité et que l'on taxe les énergies fossiles, les producteurs ont donc optimise leurs moyens pour gagner plus, ce qui fait qu'il n'y a pas assez de puissance disponible autre que le gaz pas cher du temps d'avant.

Bref la crise était en gestation depuis longtemps (et le problème est apparu à l'automne 2021), ce qui va achever ce système technico-financier c'est le froid.
Il y a d'autres conséquences apocalyptiques à venir du prix monstrueux de l'électricité et du gaz qui ne viennent pas de l'est du continent, mais il est interdit d'en parler ici.